Renaissance Admin
Messages : 426 Date d'inscription : 09/03/2014 Localisation : Nantes
| Sujet: LA DÉLIVRANCE RENVERSÉE Mar 17 Nov - 22:39 | |
| LA DÉLIVRANCE RENVERSÉE
Après la victoire de la Première bataille de la Marne contre l'armée allemande en septembre 1914, le sculpteur français Émile Oscar Guillaume réalise 'La Victoire'. Dans son édition du vendredi 17 octobre 1919, le journal Le Matin annonce qu'il a commandé à la maison de fonderie Barbedienne la réalisation en bronze de onze exemplaires de l’œuvre, rebaptisée 'La Délivrance', toutes de tailles différentes puisqu'elles varient entre 1,10 mètres et 2,60 mètres. Ils doivent être remis à onze villes ayant subi l'occupation allemande. Le journal présente la liste des villes ayant 'accepté l'offre' qui sont Amiens, Bruxelles, Colmar, Liège, Lille, Metz, Reims, Mézières, Saint-Quentin, Strasbourg et Verdun.
La première cité à recevoir la statue est Lille, le journal Le Matin annonce que l’œuvre sera remise à la ville le dimanche 19 octobre 1919. Installée au jardin Vauban, la statue est au centre de la cérémonie du 1er anniversaire de la libération de la ville, le 21 octobre 1919, mais, pour des raisons dites esthétiques, elle est par la suite stockée au palais Rameau. 'La Délivrance' représente une femme nue, dressée sur la pointe des pieds, jambe droite en avant, les bras et le visage tendus vers le ciel. Elle tient dans la main droite un glaive pointé vers le haut. Elle repose sur un socle en forme de demi-sphère.
La municipalité de Nantes, après avoir fait élever un monument aux morts de la guerre de 1914-1918 (oeuvre de Camille Robida) à l'extrémité nord du cours Saint-André, où les noms de 5 832 soldats nantais disparus figurent en lettres d'or sur des plaques de marbre, souhaite dresser une statue attenante, pour réaliser une symétrie avec le monument de la guerre de 1870 situé à l'extrémité sud du cours Saint-Pierre. Lors de la séance du conseil municipal du 9 mai 1927, l'achat de 'La Délivrance' est acceptée dans ce but.
Mais depuis 1924, Nantes connaît une phase de luttes politiques assez violentes (Cartel des Gauches). Quelques jours après de l'inauguration du monument aux morts (dimanche 17 juillet 1927) et de la statue 'La Délivrance', la Droite Locale, au travers de journaux comme l'Écho de la Loire ou Le Phare de la Loire, fait une virulente campagne contre la statue, jugée indécente, étant nue et tournant alors le dos aux tables mémoriales. Cette campagne vise en fait le maire Paul Bellamy et Aristide Briand, ami du sculpteur, et auteur de la statue.
En août, deux agents de police sont alors postés en faction pour protéger la statue d'un attentat, mais, dans la nuit du 10 au 11 novembre, celle-ci est abattue et endommagée à la hache par un commando de dix-sept personnes, un groupe d'anciens combattants mené par Henri de La Tullaye, ancien adjoint de Paul Bellamy. C'est cette fois la presse de gauche qui s'enflamme, notamment Le Populaire, défenseur de l'œuvre. L'enquête aboutit à démasquer les auteurs issus des Jeunesses patriotes, organisation conservatrice, lesquels sont condamnés à de la prison avec sursis et à une amende.
Le 28 mai 1934, le conseil municipal conduit par Léopold Cassegrain soumet le projet de remettre en place la statue. La proposition est acceptée, avec 15 voix pour (dont celles du maire, d'Ernest Dalby, d'Alexandre Fourny et d'Auguste Pageot, le futur maire), 14 voix contre et 5 abstentions. La statue est dressée le 26 octobre 1937, sur un socle de granit de 6 mètres de haut, à une centaine de mètres de son emplacement initial, dans le 'square Saint-André' (actuel Square du Maquis-de-Saffré).
En 1942, sous l'occupation allemande lors de la Seconde Guerre mondiale, la statue est de nouveau descendue, devant la menace d'une réquisition pour en récupérer le métal. Stockée dans un chantier du quartier de la Moutonnerie (près de la manufacture des tabacs), elle est restaurée en 1980, le sculpteur Douillard lui façonnant des bras ensuite fondus par MM. Douet, Heuz, Bertrand et Flasquin.
En 1987, à la demande d'Olivier Guichard, Président du Conseil régional des Pays de la Loire, la municipalité de Michel Chauty l'installe à l'extrémité ouest du 'square de la Délivrance' sur la partie amont de l'Île de Nantes, à l'angle sud-est de l'Hôtel de région.
A savoir : En 2008, la ville de Nantes a acquis aux enchères, pour la somme de 21 000 €, une copie de La Délivrance, en bronze, dédiée et offerte à Aristide Briand lorsqu'il était président du Conseil des ministres. Sur le socle est gravée l'inscription 'Aux armées alliées à tous ceux qui auront servi leur patrie et l'Humanité'. Cette réplique est, depuis, exposée au Château des Ducs de Bretagne à Nantes.
Dernière édition par Renaissance le Mer 21 Sep - 19:30, édité 3 fois | |
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Messages : 426 Date d'inscription : 09/03/2014 Localisation : Nantes
| Sujet: Re: LA DÉLIVRANCE RENVERSÉE Mer 21 Sep - 16:43 | |
| LA DÉLIVRANCE, SES DÉPLACEMENTS
"La Délivrance" est une oeuvre qui aura eu du mal à trouver sa place à Nantes. Elle fut acheté par la municipalité de Paul Bellamy pour accompagner le monument aux morts de la guerre de 1914-1918 (oeuvre de Camille Robida) situé à l'extrémité nord du cours Saint-André, et réaliser une symétrie avec le monument de la guerre de 1870 situé à l'extrémité sud du cours Saint-Pierre.
1 - La ville procéda donc à l'installation de l'oeuvre du sculpteur français Émile Oscar Guillaume, et à son inauguration, le 12 juillet 1927. Dès son installation, la statue fut jugée indécente, étant nue et tournant alors le dos aux tables mémoriales. Le journal catholique conservateur L'Écho de la Loire, suivie par Le Phare de la Loire, se sert de se prétexte et déclenche une campagne qui vise le Maire Paul Bellamy et Aristide Briand, ami du sculpteur. En août, deux agents de police sont alors postés en faction pour protéger la statue d'un attentat. Celle-ci est renversée par un groupe d'anciens combattants d'extrême-droite, le 11 novembre 1927, parmi lesquels Henri de La Tullaye, ancien adjoint de Paul Bellamy.
2 - En 1937, le conseil municipal conduit par Léopold Cassegrain décide de réinstaller la statue dans le Square Saint-André (actuel Square du Maquis-de-Saffré). La statue restaurée est dressée le 26 octobre 1937, sur un socle de granit de 6 mètres de haut, à une centaine de mètres de son emplacement initial.
3 - Puis en 1942, vient le temps de l'occupation de la ville par les allemands lors de la seconde guerres mondiale. La statue est de nouveau descendue, devant la menace d'une réquisition pour en récupérer le métal. Elle est alors stockée dans un chantier du quartier de la Moutonnerie où elle y passera de nombreuses années.
4 - Finalement restaurée en 1980, elle n'est pas réinstallée dans le square, mais sur l'extrémité est de l'Île de Nantes, à l'angle sud-est de l'Hôtel de Région. Le socle est toujours en place dans le Square Maquis-de-Saffré, mais pour la construction d'une retenue d'eau en sous-sol, le square connait de gros travaux de rénovation depuis 2014.
5 - La municipalité de Johanna Rolland confirme en 2016, que l’œuvre sera positionnée à proximité de son emplacement initial, sur le Square Maquis-de-Saffré, (act. en cours de réaménagement) à l’occasion du 100ème anniversaire de l’Armistice, soit le 11 novembre 2018. Nous restons donc dans l'attente de cet événement à venir ! | |
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