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Messages : 426 Date d'inscription : 09/03/2014 Localisation : Nantes
| Sujet: LE PALAIS DE FELTRE Lun 5 Sep - 16:56 | |
| LE PALAIS DE FELTRE, LA HALLE AUX TOILES
L'"arrêté Chaptal", du 1er septembre 1801, du nom du célèbre chimiste Jean-Antoine Chaptal, ministre de l'Intérieur de 1800 à 1804, mettait à disposition de ces nouveaux musées les "trésors conquis sur les ennemis de la République" (principalement saisies révolutionnaires en France mais également en Europe par les armées de la République puis les armées napoléoniennes). Ainsi le musée de Nantes bénéficie en 1804 et en 1809 de l'envoi par l'Etat de 43 tableaux prélevés dans les réserves du Musée central (actuel Musée du Louvre).
En 1819, le programme défini par François-Jean-Baptiste Ogée, ancien architecte conservateur des bâtiments civils du Département et architecte de la Ville de Nantes : une halle aux toiles rue de l’Arche-Sèche, dans les anciens terrains des fossés Saint-Nicolas, devant contenir trente boutiques et le bureau de l’inspecteur de la marque. Occupé par ailleurs, Ogée confie le projet à Peccot, architecte-voyer honoraire, qui imagine un plan en fer à cheval. Dans le même temps, Mathurin Crucy propose d’édifier un marché couvert pour les fruits et légumes et, au-dessus, une halle aux toiles où l’on vendra hebdomadairement des lins, fils et tissus divers. Après moult modifications des plans, l’édifice est construit en 1823.
Le chantier nécessite de déblayer et niveler une tranche de la motte Saint-Nicolas et l’édification d’un pont sur la rue de l’Arche-Sèche pour prolonger la rue du Calvaire jusqu’au pont de l’Écluse. Le résultat est commenté en 1826 dans L’Ami de la Charte : “La halle aux toiles donnera la vie au nouveau quartier des douves Saint-Nicolas. Cet édifice, élevé sur les dessins de Mathurin Crucy, est d’ordre dorique avec l’ingénieuse addition de modillons dans une riche corniche. Sa longueur est d’environ 75 mètres et sa largeur d’à peu près 12 mètres. Le rez de-chaussée, adossé contre le monticule de la rue de la Boucherie, et sur le bord duquel il est même bâti en partie, s’ouvre de l’autre côté, par une galerie à 19 portiques arrondis, sur une place spacieuse et enclose où, sous des pavillons et des appentis en bois, les marchandes de légumes et les acheteurs seront à l’abri des intempéries. Tout le premier étage, à la faible réserve des bureaux et du logement du directeur, forme une salle immense, éclairée par trente-six croisées cintrées à impostes d’archivoltes.”
En 1829, le premier étage est aménagé pour recevoir le musée de peinture et abriter les œuvres d’art données par Napoléon à la Ville au début du siècle, mais c'est l'achat de la collection de François Cacault par la Municipalité, qui donne au musée de Nantes toute sa richesse et son ampleur. C’est Ogée qui établit le devis des travaux nécessaires à l’aménagement des lieux, qui consistent notamment à séparer la partie halle de la partie musée, qui sera cloisonnée en quatre salles. L’institution est inaugurée le 1er avril 1830. Tous les tableaux ne pouvant prendre place dans cet espace réduit, environ 400 d’entre eux sont vendus en 1831. Peu à peu, le musée gagne sur la halle : une salle en 1833, une deuxième quelques années plus tard, une dernière en 1846, qui achève l’occupation complète de l’étage. En 1852, des travaux de décoration sont effectués pour accueillir le legs de la collection des frères Edgard et Alphonse Clarke de Feltre conformément aux exigences du testament. La salle est inaugurée le 15 mai 1854.
La voie reliant l’écluse à la place du Bon-Pasteur a pris le nom d’Edgard Clarke, duc de Feltre. En 1860, les administrateurs du musée obtiennent la réfection des autres salles. La façade de la rue Cacault est rénovée en 1865. Le nivellement et les alignements des voies aux abords du musée sont réalisés en 1867. Cependant, le musée de Feltre demeure trop exigu. En 1864, Philbert Doré, porte-parole de la commission de surveillance du musée, écrit au maire pour lui signaler l’urgence de l’agrandissement de l’établissement et lui signifier son inquiétude devant l’augmentation du nombre de tableaux non-exposés.
Le préfet constate, quant à lui, “l’insuffisance du bâtiment affecté au service du musée de peinture” et encourage le maire à envisager sérieusement l’agrandissement du bâtiment. Un projet est préparé en 1866, qui consiste à doubler le musée existant d’une aile parallèle de mêmes dimensions. Il ne sera pas mené à bien et ce n’est que vingt ans plus tard, en 1887, que Philbert Doré constate que “la construction prochaine d’un plus vaste musée s’impose impérieusement.” Constat corroboré par des protestations comme celle de Mme de Courtavel, qui s’indigne que les portraits de ses ancêtres, légués au musée à condition d’être exposés, soient remisés faute de place. Encore un peu de patience, et les œuvres peuvent déménager dans leur nouveau logis, le Palais des Beaux-Arts de la rue Clemenceau. Le bâtiment de Crucy devenu vacant, reprend pour quelques années sa vocation de marché couvert. Celui-ci sera finalement rasé pour laisser la place à l'édifice actuel conçu par l'architecte Alfred Marchand. | |
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