NANTES - AU FIL DE L'HISTOIRE...
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 LES NOMBREUSES NOYADES EN LOIRE

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Renaissance
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Renaissance


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MessageSujet: LES NOMBREUSES NOYADES EN LOIRE   LES NOMBREUSES NOYADES EN LOIRE Icon_minitimeDim 29 Jan - 10:50

LES NOMBREUSES NOYADES EN LOIRE

Les Noyades à Nantes sont un épisode de la Terreur qui a eu lieu entre novembre 1793 et février 1794 à Nantes. Pendant cette brève période, des milliers de personnes, suspectes aux yeux de la République, notamment des gens d'Église, ont été noyées dans la Loire sur ordre de Jean-Baptiste Carrier. Des milliers d'hommes, de vieillards, de femmes, d’enfants meurent ainsi dans ce que Carrier appelle la "baignoire nationale".

La crainte de l'épidémie

Nantes était assiégée par tous les fléaux qu'une guerre civile entraîne. Les menaces épidémiques et les difficultés alimentaires ne sont pas niables. Nourrir plus de dix mille prisonniers représente une charge presque insupportable pour Nantes. Jean-Baptiste Carrier voulait ravitailler d'abord l'armée et ensuite pourvoir la ville.

La crainte de l'épidémie a beaucoup joué dans la décision d'isoler les détenus à la Prison de l'Entrepôt des Cafés puis sur des navires mouillés dans le port ; elle a incité à vider les prisons du Centre-Ville. Les pertes enregistrées dans le personnel de surveillance, le corps médical, les infirmiers, les juges même, ont pu semer l'effroi chez les responsables nantais et les inciter à tout faire plutôt que de périr de la maladie répandue chez les malheureux prisonniers politiques, quitte à les massacrer.

Les conférences du 4-5 décembre 1793 (14 et 15 frimaire an II)

Le 4 décembre 1793 au soir, Jean-Baptiste Carrier, les membres principaux du Comité Révolutionnaire de Nantes, François Louis Phelippes-Tronjolly et ses collègues, Julien Minée pour le département, Renard pour la municipalité, des représentants de Vincent-la-montagne, se réunissent. Ils décident de constituer un jury chargé de dresser une liste de proscrits. Le 5 décembre 1793 plus de trois cents noms seront couchés sur le papier. Il ne reste plus qu'à ordonner l'exécution.

Pour cela, Carrier imagine un procédé radical. Il indiquera dans son plaidoyer que les malades laissés par les Vendéens à Château-Gontier en octobre 1793 furent massacrés et que les noyades avaient eu lieu dans la Mayenne avant qu'il les ait mises en pratique à Nantes. Il appelle le procédé la déportation verticale : au lieu de les envoyer vers des îles lointaines, il fait embarquer les condamnés sur des barques à fond plat qui sont coulées au milieu de la Loire, au niveau de Chantenay. Les exécutions ont lieu de nuit pour plus de discrétion, mais les corps flottent ensuite en surface pendant des jours. Ce ne sont plus des exécutions mais des massacres qui laissèrent des traces d'horreur dans la mémoire de tous à l'époque. Les Noyeurs se divisent en deux groupes : La Compagnie Révolutionnaire Marat ; et Guillaume Lamberty et ses hommes.

Première noyade

Les prêtres réfractaires figurent parmi les premiers prisonniers détenus à Nantes. Ceux pris dans le département sont enfermés d’abord au couvent Saint-Clément, puis aux Carmélites. Le 5 juillet, ils sont envoyés à Chantenay sur un ponton, La Thérèse, où les conditions de détention sont terribles à cause de la chaleur. La plupart des prêtres sont transférés le 19 juillet ou le 6 août au couvent des Petits-Capucins et à l’Hermitage, où les conditions de détention sont plus supportables. Mais le 25 octobre, sur ordre du Comité révolutionnaire de Nantes, tous les prêtres des Petits-Capucins sont renvoyés dans un ponton, sur le navire La Gloire mouillant à la Sécherie.

Dans la nuit du 17 novembre, un groupe de révolutionnaires commandés par l’adjudant-général Guillaume Lamberty et Fouquet viennent établir un corps de garde à la Sécherie, dans l’auberge de la femme Pichot ; celle-ci, selon son témoignage, " les vit amener une sapine ou chaland dans lequel des charpentiers faisaient des ouvertures, sans connaître leur usage, suivant le rapport qui fut fait par eux ; que cela lui fit croire que c’était pour noyer les prêtres, qui le furent effectivement".

Environ 90 prêtres périssent victimes de la première noyade. On compte cependant trois survivants qui sont recueillis par des matelots de L’Imposant qui leur donnent de l’eau-de-vie pour les réchauffer. Informé, le Comité révolutionnaire ordonne au capitaine Lafloury, commandant du navire, de faire transférer les trois prêtres dans une galiote hollandaise le 19 novembre, selon Fourier, directeur de l’Hospice Révolutionnaire de Nantes. "Ces prêtres furent repris et noyés le lendemain, le fait m’a été certifié par Foucault, qui était présent à la noyade". Le 17 novembre, Carrier rend compte à la Convention Nationale de l’opération.

Seconde noyade

La seconde noyade de prêtres est encore le fait de Guillaume Lamberty. Plusieurs hommes de la compagnie Marat conduits par Foucauld détroussent méthodiquement les 58 prêtres arrivés d'Angers. Les prêtres sont transférés sur une gabare spécialement aménagée et emmenés loin du port, à l'entrée de l'estuaire où il est procédé à leur submersion. Cette fois il n'y a aucun survivant.

Troisième noyade dite du Bouffay

La troisième noyade, dite du Bouffay, est la noyade la plus connue, grâce à l'abondance des témoignages la concernant à cause de la participation du comité révolutionnaire de Nantes. Ces témoignages sont recueillis après l'arrestation des membres du comité le 12 juin 1794.

Le 14 décembre 1793, à huit heures du soir, un agent entre à la Prison du Bouffay avec deux paquets de cordes et un ordre signé du comité de rassembler les 155 détenus. La liste de ces 155 détenus avait été rédigée dans la nuit du 4 décembre lors d'une réunion des corps administratifs. Les prisonniers figurants sur cette liste appartiennent à toutes les conditions sociales ; il s'y trouve quelques nobles et un grand nombre de détenus de droits communs.

À 9 heures, les hommes de la compagnie Marat et le comité révolutionnaire de Nantes menés par Goullin, Bachelier et Grandmaison arrivent à la prison. Les Sans-culottes Marat se font d'abord servir à boire et à manger puis "ils défirent leurs paquets de cordes et s'amusèrent à se lier les uns les autres pour connaître ceux qui seraient en ce genre les plus habiles".

À 11 heures, suivi d'hommes armés, Gérardeaux, dit "Joson", guichetier de la Prison des Saintes-Claires, entre dans la cour et crie à voix haute pour être entendu des détenus : "Allons, levez-vous, faites vos paquets, point d'exception, n'oubliez pas vos portefeuilles, c'est l'essentiel". Les Marats et les membres du Comité Révolutionnaire font alors ouvrir les cellules et appellent les prisonniers qui figurent sur la liste ; les récalcitrants sont frappés à coups de plat du sabre.

Elle a coûté la vie à cent vingt-neuf détenus, dans la nuit du 14-15 décembre 1793 (24-25 frimaire an II). Menés par Jean-Jacques Goullin et Michel Moreau-Grandmaison, les "Marat" gagnent la prison du Bouffay, la plupart sont ivres. Ils ne sont plus tout à fait en état de consulter leurs listes, et procèdent au hasard, raflant les prisonniers dans leurs cellules, puis les attachant deux par deux à une pierre après les avoir dépouillés de leurs objets personnels et de leur argent. Embarqués sur une sapine, les suppliciés sont dirigés vers l'aval et l'embarcation coulée un peu plus loin que Trentemoult, au bout de l'île Cheviré.

Poursuite des noyades

Quelques jours après la noyade des prêtres d'Angers, une importante exécution est effectuée avec deux bateaux à Chantenay vers le 3 nivôse an II, soit le 23 décembre 1793. Celle-ci est rapportée lors du procès de Carrier par plusieurs témoins, dont Fréteau et le canonnier Wailly. 800 personnes périssent lors de cette noyade, dont des femmes et des enfants. Parmi les condamnés figurent également de nombreux Allemands, déserteurs de la Légion germanique, qui avaient rallié les Vendéens.

Du 29 décembre 1793 (9 nivôse an II) au 18 janvier 1794 (29 nivôse an II) ce furent les "Noyades des Galiotes", des navires hollandais restés à Nantes par suite du blocus et qu'on déplaça pour la circonstance vers la prison de l'Entrepôt des cafés. Impossible de dire s'il y eut deux ou trois expéditions. À chaque fois, deux cents à trois cents victimes, hommes, femmes et enfants mêlés. Il semble que l'ultime noyade organisée sous la direction de Carrier, destinée à vider la prison de l'Entrepôt des cafés, ait été perpétrée dans la nuit du 29 au 30 janvier 1794 (10-11 pluviôse an II) et ait concerné quatre cents détenus environ.

L'ultime noyade eut lieu le 9 ventôse de l'an II (27 février 1794). Selon des pièces officielles lues à la Convention, le 21 vendémiaire de l'an III (12 octobre 1794), cette dernière noyade fut ordonnée par l'Adjudant-Général Lefebvre et aurait provoqué la mort de 41 personnes : 2 hommes, dont un vieillard aveugle de 78 ans, 12 femmes, 12 filles et 15 enfants, dont 10 de 6-10 ans et 5 enfants à la mamelle. L'opération eut lieu dans la baie de Bourgneuf.

Estimations du nombre des victimes

Le nombre des victimes n'est pas connu avec précision, selon Roger Dupuy, il y a entre 7 et 11 noyades, avec 300 à 400 victimes à chaque fois. Selon Jacques Hussenet, 1 800 à 4 800 personnes sont noyées sur ordre de Carrier, 2 000 autres personnes peut-être, furent noyées sur ordre d'autres révolutionnaires nantais. Entre 1 800 et 4 000 personnes périssent dans les noyades selon Jean-Clément Martin. Alfred Lallié évalua à 4 860 le nombre des noyés, nombre repris par Hippolyte Taine. Selon Reynald Secher, il y a 4 800 victimes, rien que pour l'automne 1793. Pour Gaston Martin environ 1 800, pour Fouquet 9 000, pour Mellinet 3 500.

Arrow Plus de Témoignages sur les Noyades à Nantes sur Wikipédia.
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